Dufy, le déluge universel

Il s’agit du projet soumis par Dufy dans le cadre du concours d’illustration, ouvert aux « jeunes garçons et jeunes filles », lancé par Le Journal, quotidien républicain dont le siège se trouvait au 100, rue de Richelieu à Paris. Sur les 12.000 propositions qui parviennent au journal, Dufy obtient le 8e prix et se voit récompensé d’un phonographe Lioret.

Le règlement du concours, paru dans l’édition du 2 janvier 1898, imposait que les candidats interprètent l’épisode biblique du déluge « comme s’il se passait de nos jours ». Le document se compose de 7 vignettes destinées à illustrer un petit texte. Observateur attentif de son époque, Dufy est sensible à l’actualité. Dans la première vignette, la scène de manifestation se rapporte ainsi vraisemblablement à la déchirure provoquée dans l’opinion publique par l’affaire Dreyfus. La bulle « À bas Zola » serait alors à mettre en lien avec l’engagement de l’écrivain pour la figure du capitaine à compter de 1897. Dans la troisième vignette, Dufy s’intéresse à l’étrange silhouette du bateau rouleur inventé par Ernest Bazin, dont les essais ont lieu en Basse-Seine puis dans la rade du Havre cette même année.

Dufy est indiqué sur le document comme étant âgé de 17 ans. Il en a en réalité presque quatre de plus quand il répond à ce concours. Il suit, depuis octobre 1892, les cours de l’école municipale des beaux-arts du Havre, dirigée par Charles Lhullier, et intégrera en 1899 l’atelier de Bonnat à l’Ecole nationale des beaux-arts. Les liens de Dufy avec le monde de la presse ne se limitent pas à ce projet. On sait en effet que Dufy collabore le 19 septembre 1904 au Havre-Eclair par la réalisation d’un grand dessin illustrant une cavalcade organisée par le commerce havrais au profit des familles victimes du chômage.